La porte des lions

Voilà, pour une fois, un constat d'Héraclite dit "l'obscur", qui ne nous semble pas énigmatique, et pour cause ! ... Pas plus d'ailleurs que celui de Descartes, lorsqu'il s'appropria la pensée au nom de tous les siens ! "Je pense donc je suis !" avait proclamé le philosophe cambrioleur  1 ,  faisant main basse, sans pudeur,  sur une idée jadis incongrue, devenue précieuse avec le temps de l'oubli ... Il se trouve que, pour peu que l'on déplace le curseur vers  un passé plus ou moins lointain, ni l'une ni l'autre de ces saillies bravaches n'allaient de soi ! Deux siècles plus tôt, ce propos d'Héraclite aurait été totalement abscons pour ses aïeux qui n'auraient su envisager ce qui est devenu "notre temps"  2 , linéaire, vectoriel, ce temps fait d'inquiétude et de ravages inéluctables ...  Quant à Descartes, s'il avait vécu au temps d'Héraclite et osé cette rodomontade, on lui aurait avancé un bol d...

Bien entendu, il n'est pas question de nier cette contribution essentielle à notre liberté que fut l'irruption récente de la pensée dans notre psychisme !  Pour autant, le temps semble venu de réhabiliter la relation que nous entretenions avec l'univers, avant que cette dernière venue, tel un coucou, n'expulse sans vergogne tout ce qui l'empêchait de se développer ! ... Certes, cette relation avec le mystère dans lequel nous sommes plongés dès notre naissance, s'établissait alors dans une conscience de rêve, non consciente d'elle-même, parcourue de sentiments plus ou moins tragiques issus des méandres de notre évolution, et que nous relatent si bien les mythes ! De ce temps charnière entre ces deux états psychiques, indistinct, négligé, méprisé, nous restent, au terme de plusieurs millénaires de tradition orale, quelques textes dits "révélés", autant "d'amuse-gueules" pour carnassiers positivistes, dont la puissante mâchoire avait, se...

"Je pense donc je suis !" ... ainsi en avait décidé, urbi et orbi, le gars René ! ... Soit, mais est-ce à dire que ceux nombreux qui nous précédèrent à la surface de Gaïa, apparemment oublieux de cette étrange activité, n'ont pas existé ? Ou bien encore, que lorsqu'on s'endormait enfant à La Haye-en-touraine ou quelque part en Hollande, on cessait d'exister ? Soyons sérieux, au delà de l'effet d'annonce, il reste qu'au regard de la longue durée, la pensée est chose  nouvelle, comme aurait dit Montaigne ! ... De quoi parlons-nous enfin ? Car cette petite dernière qui, en dernier ressort, nous caractérise, est née, cahin-caha, il y a moins de trois mille ans ! Le temps ne serait-il pas venu d'y penser ? Quant au sommeil, chacun sait que rêver n'est pas penser, si tant est que nous soyons à l'origine de nos pensées, comme nous nous plaisons à le penser ! ... "Cogito ergo sum" : le hold up du millénaire ! ... Si un ancien Grec s...

A tout le moins, cette toute nouvelle expression fit flores dans les années 60, et c'était alors pour dénoncer cette morale rétrograde, ce carcan insupportable, cette civilisation honnie de toute une partie de la jeunesse ... A l'époque, micro en main, ou dans les dîners en ville, désigner l'ennemi en joignant "savamment" ces deux mots alors exotiques, ça vous posait son homme : "Intellectuel et révolutionnaire !" ... "2 en 1", avant la grande lessive ! ... Désormais, 50 ans plus tard, ceux nombreux qui sentent le sol se dérober sous leurs pieds, s'accrochent au rideau et brandissent ce qui est devenu l'étendard amidonné d'une civilisation assiégée, menacée de disparition ... Notre propos n'est pas là, mais il serait intéressant d'évaluer la part de responsabilité de l'idéologie disruptive de mai 68 dans l'actuelle déliquescence de notre société ... Le "judéo-christianisme" ou, tirons pudiquement le rideau ...