N'ayez pas peur !
Voilà l'ultime message de ce grand pape que fut Jean-Paul II ...
Pensait-il effacer, de ces quelques mots bien sentis, l'enfilade des siècles nauséabonds durant lesquels l'Eglise, au seul service de son pouvoir temporel, tint nos aïeux dans les rets d'une culpabilité paralysante ?
Pensait-il à ce ressort magique que tout homme au pouvoir sort de son chapeau, et s'il en décide, dès lors que celui-ci est menacé ?
Il semblerait bien que ce pape polonais, accompagné de son compatriote Lech Walesa, sans oublier Gorbatchev 1, ce russe étrange qui décida de vaincre la peur de l'autre, nous aient évité la troisième guerre mondiale ! ...
Qui dit mieux ?
1 - Avait-il lu ces quelques lignes de Soloviev ?
« Imaginons un être en bonne santé, robuste et pas méchant, le cas du peuple russe en général. Nous apprenons que cet être (peuple) est dans un triste état. (…) Nous découvrons alors qu'il n'est pas réellement fou mais que son esprit est gravement affecté par des idées fausses, qui l'amènent à la folie des grandeurs et à une hostilité envers tout et tout le monde. Indifférent à son propre intérêt et au mal qu'il peut causer, il invente des menaces inexistantes et établit sur celles-ci les thèses les plus absurdes. Il a l'impression que tous ses voisins l'outragent, qu'ils ne rendent pas suffisamment justice à sa grandeur et qu'ils cherchent par tous les moyens à le blesser. (…) Il s'imagine que ses voisins veulent miner sa maison et projettent même des attaques armées. Pour toutes ces raisons il passe énormément de temps à se procurer des fusils, des revolvers et de solides verrous. »
Vladimir Soloviev, Œuvres choisies, 1902-1905.