C'est alors que le monde divin s'absenta, "momentanément" !? ...
Il faut relire Homère, toujours et encore !
La Guerre de Troie vient de s'achever dans un bain de sang, les Grecs rescapés, vraisemblablement sidérés, s'attribuent la victoire, s'affranchissant soudain des dieux de l'Olympe ...
De ces parasites qui avaient osé laver leurs querelles internes par leur entremise, lamentables pantins depuis trop longtemps aux mains de ces habiles ventriloques !
Il y a environ 3000 ans, ici et là en Occident, la relation au monde divin, jusqu'alors fluide, directe, instinctive, comme allant de soi, se manifesta sous de nouvelles formes, extérieures, ostensibles !
Ainsi de la gesticulation orchestrée des religions civiques, observée dans les cités d'Athènes et de Rome ... alors que, très discrètement, secrètement, quelques uns, fraîchement admis au cercle étroit des initiés, cherchaient à réveiller le dieu qui sommeillait en eux !
En Grèce, pour les autres, les exclus de la cité, femmes et esclaves, restait l'enthousiasme orgiaque et collectif des Dionysies, antiques Bacchanales !
Chez les Esséniens, ou autres Thérapeutes, il s'agissait de préparer la venue prochaine d'une entité spirituelle majeure, solaire, celle-là même dont avait parlé Zoroastre aux Perses lointains, et qui pourrait, par son sacrifice cosmique, extirper les hommes de leur soudaine torpeur spirituelle !
Evolution oblige, le retrait progressif du monde spirituel des consciences, comme en témoigne le mythe du rapt de Perséphone, pour qui sait le lire, avait fait place au désir plus tangible de contempler le Dieu en chair et en os ...
A Rome, on entreprit alors de diviniser l'Empereur, a posteriori par précaution, puis soudain, au tournant des âges, ce fut de son vivant ! ...
Jésus a-t-il existé ?
Voilà une question clivante qui agita le XIXème siècle, profitant sans doute de la surprenante atonie de l'Eglise qui, décidément, ne faisait plus la loi !
L'on put alors en toute impunité décréter la "mort de Dieu", sous les applaudissements nourris et "libérés" de l'ancestrale assemblée des "pouces baissés"!
Toujours pas tranché, hier urticant, le débat ne semble plus susciter trop d'intérêt, quand, dans le même temps, les églises se vident à la vitesse d'un siphon, transformées, les unes en hall d'expo, et les autres en salles de remise en forme ! ...
Ce qui ne fait, par contre, et très curieusement, l'objet d'aucun débat ! ...
L'attente inquiète, fébrile, d'un sauveur, d'un messie, est quant à elle attestée, non seulement au sein du peuple juif, comme "il se doit", mais également, pour ne prendre qu'un exemple emblématique, à Rome, nous l'avons vu plus haut !
Le mystère du Golgotha est-il à mettre en relation avec cette attente ?
Si, enfin libérés du jargon soporifique et déviant des théologiens1, comme de l'a priori tonitruant, brut de décoffrage, de ceux qui se disent athées, sans trop réfléchir par ailleurs aux mots qu'ils emploient 2, ... si donc, nous extirpant de cette cacophonie désuete, nous cherchons véritablement à savoir pourquoi cette entité, tour à tour nommée : "logos" par les uns, "Christos" ou bien encore "Verbe" par les autres... bref, pourquoi Elle se serait incarnée à ce moment précis de notre évolution psychique, nous nous retrouvons invariablement devant un mutant, récemment apparu sur la scène de l'Histoire et nommé individu !
Quelque temps donc après le surgissement de ce nouvel échelon qui est à l'humanité ce que l'atome fut longtemps à la matière ! ... 3
Ce rapprochement doit, semble-t-il, brûler les doigts de nos anthropologues distingués car, de cette coïncidence ô combien bavarde, nulle nouvelle! ... comme aurait dit Montaigne !
Autre question : Pourquoi diable avons-nous confondu le discours de ceux qui ont honteusement trahi et la parole de Celui qui leur servit trop longtemps d'alibi ?
Pour le dire autrement, pourquoi, adeptes désormais du tri sélectif, avons-nous jeté le bébé avec l'eau du bain ?
A suivre ! ...
1 - Jusqu'à ces théologiens protestants allemands du début du XXème siècle qui nièrent l'existence de Jésus ! ...
2 - Athée : affublé de ce "a" privatif, signifie littéralement : "privé de Dieu" ! ...
3 - Cinq à six siècles avant J.C. ... voir à ce sujet les travaux de Jean-Pierre Vernant et de son équipe internationale de chercheurs : Mythe et pensée chez les Grecs !