Pourquoi à ce moment-là plutôt qu'à un autre ? ... Telle est la question !
Si, comme il fut dit 1, une entité céleste s'empara de l'âme d'un obscur Galiléen, et pour finir, de sa vie, pourquoi donc fût-ce à ce moment précis de l'Histoire de l'humanité ?
Voilà au moins, que l'on y croit, ou que l'on n'y croit pas, une question que personne ne se pose !
D'ailleurs, tout bien considéré, les questions que nous ne nous posons pas, ne sont-elles pas décidément plus rassembleuses ? ...
La question soumise à la question !
Au delà de tous les débats sans fin sur l'historicité de Jésus, sur sa divinité, sur sa double nature, et, désormais, sur sa virilité, cette question oubliée, disons par "mégarde", n'est-elle pas centrale, indispensable, riche d'enseignements, sujette à réfutation ? ...
Alors pourquoi personne jamais ne se la posa, ni ne se la pose 2 ?
Outrés, quelques catholiques automatiques vous répondront qu'Il est venu "ôter le péché du monde", sans trop savoir de quoi il s'agit, à tout le moins sans trop oser rappeler cette scène devenue étrange qui réunissait un serpent, cette "bonne pomme" d'Adam, et la Pandora des Hébreux nommée Eve ! ...
Quand bien même leur discours élimé, usé jusqu'à la corde, à d'aucuns bien lunés, semblerait gentiment audible, susceptible d'acclimater le badaud à ce récit hermétiquement symbolique, l'insistante question se poserait toujours et encore : pourquoi à ce moment-là ?
L'âme et le corps : une relation mouvementée ! ...
Nous n'avons généralement aucune idée du psychisme de nos prédécesseurs à la surface de Gaïa, encore moins de ses variations, au fil du temps et des civilisations ...
Eh bien, pour prendre une image désormais bien connue, il en va quelque peu de cette relation comme pour les couples de nos contrées : certains sont fusionnels, d'autres dysfonctionnels et d'autres encore, séparés, au prix, selon les cas, de plus ou moins de dégâts ! ...
Deux exemples tout d'abord, largement oubliés et qui annoncent nos actuelles représentations !
En Grèce, au temps d'Homère, pas de vie après la mort : dans l'Hades, tout n'est qu'oubli, ombres et fumées inconsistantes, anonymat lugubre...
Sauf pour ces quelques héros qui se sont montrés dignes de ce que les dieux attendaient d'eux !
Encore que, dans l'Odyssée, Achille confie à Ulysse, de passage aux enfers : "Mieux vaut être mendiant à la lumière du soleil, que roi au royaume des morts ! "
Tout est dit ! Rien qui puisse alors intéresser nos aïeux, une fois passé le porche de la mort ! ...
Cependant, aux alentours du VIIème siècle avant J.C., surgit à l'horizon de l'Histoire un mutant nommé individu, doté d'un "moi", parle à la première personne, et s'inquiète soudain de ce qui pourrait bien advenir de lui lorsque son corps se délite ! ...
C'est, nous avons oublié de le noter, dans un mouchoir de poche temporel que Gautama dit le Bouddha, tire à boulets rouges sur ce "moi" qui ne serait qu'une illusion ...
Et pour tout dire, un stratagème permettant de trouver un certain attrait à ce monde infâme ! ...
Certains occidentaux incertains, trouvèrent-là, sur le tard, une échappatoire à ce que les deux Eglises, romaine puis scientifique, avaient fait de nos représentations !
Toujours est-il que "l'éveillé" de Bénarès souligne, à sa manière, l'irruption sur la scène de l'Histoire de ce mutant nommé individu et qui finira par clamer "urbi et orbi" : "Je pense donc je suis!".
Spinoza ou le reset prémonitoire ! ...
"Précurseur", "Prince des philosophes" ou ... "Don Quichotte" ? ...
Tout a été dit par ses nombreux aficionados et autres prescripteurs de talent, lors de la remise des deux premières médailles. Alors, laissez-moi soulever un coin du voile sur les combats qu'il mena, certes avec brio, mais sur un terrain subliminalement imposé et, d'ores et déjà, délimité par son adversaire principal ! ...
En effet, l'Eglise honnie avait tant marqué les esprits, reléguant aux oubliettes de la conscience humaine la préexistence de l'âme, ses pérégrinations, puis, mutatis mutandis, aiguillonnés par l'appétit de pouvoir, l'Esprit 3, cette dimension divine en l'Homme ... bref, avait fait tant et si mal, que notre ferrailleur s'évertua à traiter de ces deux questions existentielles que sont : le libre-arbitre, dans l'étroitesse d'une seule vie, et de la nature de l'âme, désormais confondue avec cette dimension essentielle de l'Esprit, escamotée par les hommes de pouvoir au pouvoir, manipulateurs, déguisés en théologiens chrétiens ! ...
Prémonitoire, parceque pour Spinoza, pionnier de la" théorie du tout", le corps et l'âme sont deux manifestations d'une même substance, divine encore, pour un court répit, le temps d'annoncer au vulgaire la prochaine mort de l'âme, remplacée par une activité cérébrale destinée à disparaître avec celui-ci ...
Y a-t-il une vie après la mort ? La parenthèse du christianisme est-elle en train de se refermer ?
Le temps des hommes n'est pas celui des dieux, pour lesquels, passé, présent et futur ne font pas mystère !
Cette audacieuse hypothèse, hier encore, pouvait prêter à sourire, avant qu'Einstein ne délivre la vraie bombe de l'univers-bloc ! ...
Pourquoi à ce moment-là ? Il faut y insister ! ...
Paul l'a dit, et écrit, à l'attention de ceux de son époque, de cet individu balbutiant, mutant amnésique et inquiet, enfant de l'oubli, en quête de salut personnel : "Sans la résurrection, le christianisme n'a pas de raison d'être !"
Reste à savoir dans quel corps et dans quel monde le crucifié s'est donné à voir à quelques un(e)s ! 4...
Voilà pour l'avant !
Mais désormais, à l'évidence, le matérialisme a progressé, jusqu'à s'emparer des esprits, privés de l'Esprit lors du concile de 869, décision endossée par ces rebelles d'opérette que furent Descartes, Spinoza et Nietzsche, son avatar radical ! ...
Face aux amalgames de tous ces déconstructeurs empressés, il faut désormais dénier énergiquement à l'Eglise félonne le droit d'emporter dans sa débâcle le véritable christianisme, trahi, foulé aux pieds, sans discontinuer au travers de ses dogmes et par son comportement !
Ce n'est pas gagné ! ...
Manufacture du matérialisme, illégitime, usurpatrice, l'Eglise est à l'évidence devenue étrangère à l'impulsion christique !
Sa plus grande perversion, sa plus grande "réussite"aussi, est, tout bien considéré, d'emmener avec elle, dans sa lamentable débâcle, Celui qui lui servit si longtemps d'alibi !
Il nous appartient donc, sur La Porte des Lions, de déceler ici et là, la signature, l'impulsion, de Celui qui fut foulé aux pieds par ceux qui se prétendaient être siens !
1 - Deux des quatre évangiles ( Jean et Marc ) commencent par l'adombrement de Jésus, lors du baptème dans le Jourdain ...
2 - Juger plutôt que tenter de comprendre, focaliser au lieu de contextualiser, voilà un mal qui nous ronge depuis toujours, mais que notre époque amplifie à l'envie, au moyen des réseaux a-sociaux ! ...
3 - 869 : année du concile chirurgical qui décide, "en son âme et conscience", vendues au maître du moment, de nous amputer de l'Esprit, troisième et essentielle dimension, encombrante ô combien pour ces hommes de pouvoir ! ... L'Esprit, à propos duquel Jésus s'était confié à la Samaritaine, encore très présent dans les propos de Paul !
4 - Voir les travaux d'Henri Corbin sur l'intermonde ou monde "imaginal", oublié de l'Occident depuis le concile de 869 (Corps spirituel et Terre céleste), ou bien encore les conférences de Rudolph Steiner sur le Mystère du Golgotha ! Ou, plus modestement, sur le blog, cet article du 26 juin 2024 intitulé : "Ne jette pas le bébé avec l'eau du bain ! ".