La Vérité et les usurpateurs ! ...
Pour celui qui, curieux de ce que nous "faisons" ici-bas, curieux de l'Homme en somme, et qui, en cette lancinante anxiété, scrute attentivement notre passé, elle apparut parfois, ici et là, telle une luciole, avant que de promptement disparaître, souvent mise sous le boisseau par ceux qu'elle dérangeait !
Cependant, au regard attentif, non prévenu, il semblerait bien, qu'une fois au moins, elle ne se soit pas contentée d'un discours fugitif, confidentiel, qu'elle ait joint le geste à la parole, qu'elle se soit "faite homme", apparentée à la mort par conséquent, en un geste resté mystérieux ! ...
C'est sans ambages, que Jean, le prophète du passé, tenta de nous alerter sur la réunion cosmique qui venait d'avoir lieu en Palestine : "Et le Verbe s'est fait chair !" ...
Comment se fait-il alors que nous vivions, toujours et encore, comme si ses différentes tentatives de nous réveiller étaient restées vaines ?
Serait-elle hors d'atteinte ?
Ou bien alors, qui s'interpose ?
Réside-t-elle dans l'oubli savamment orchestré de notre véritable origine ?
Orchestré ou non, dans cet oubli, paradoxalement fondateur de notre liberté, s'engouffrèrent et s'engouffrent à qui mieux mieux la meute affamée des usurpateurs, dont la seule vérité réside dans le pouvoir qu'ils exercent sur les autres, sur le "vulgaire" comme ils aiment à dire entre eux ! ...
Longtemps intouchables, ces derniers n'auront pourtant pas le dernier mot !
A l'évidence, leurs arguments ne font plus autorité, du moins si l'on en juge au nombre croissant de signes, insistants et convergents ! ...
Prenons pour exemple la récente mise à jour de ces deux faces d'une même volonté de pouvoir de certains sur les incertains 1 : l'Eglise et la psychanalyse ! ...
En apparence, les deux églises s'ignorent, voire se combattent, à tout le moins se disputent notre indigence ... en réalité elles ne sont toutes deux que calcul, dissimulation, manipulation, appétit de pouvoir sur cette "bonne pâte", ce mutant récemment apparu à l'horizon de l'Histoire ...vous savez ! ... cet individu qui dit "je" à tout bout de champ, en quête, sitôt affirmé, de salut personnel, et, plus récemment, réduisant la voile, de paix intérieure !
En deux mots comme "encens" : "Vous, moi!" ...
Tel le monstre du Loch Ness, la Vérité se montre ici et là, à ceux qui sont prêts à l'apercevoir ! ...
Curieuse comparaison, me direz-vous, avant de savoir que, pour les usurpateurs, la Vérité est véritablement monstrueuse qui les disqualifie !
Ces manifestations de la Vérité, dérangeantes, passées sous silence, furent escamotées furtivement et systématiquement par ces manipulateurs nés !
Elles ont toutes en commun de tenter de nous libérer, discréditant ainsi ceux qui se sont proposés de répondre à notre quête de sens ! ...
Nous n'avons pas trop l'embarras du choix, mais voici au moins trois occurrences hautement significatives :
Il s'agit tout d'abord de la confidence prophétique et, ô combien embarrassante, faite par Jésus le Galiléen à la Samaritaine 2; pour suivre, de la philosophie révolutionnaire du néoplatonicien Proclus, évidemment passée sous silence, puis, plus récemment, de l'inspiration "inquiétante" accordée à un certain Carl Gustav Jung ! ...
Jésus et la Samaritaine !
En quelques mots, aux abords d'un puits 3, fut envisagé de manière grandiose, ce qui fut, ce qui est, ce qui sera !
Dans ce passage oublié, escamoté, et pour cause, le Galiléen dessine l'évolution de ce qui nous distingue et nous caractérise véritablement, cet insaisissable, cet inconnu, ce malmené : notre psychisme !
A l'époque où il s'ouvre à cette "réprouvée" 2 de cette confidence prophétique, l'Homme ne perçoit déjà plus l'Esprit dans la nature, ce n'est donc plus sur la montagne sacrée qu'il convient de chercher la Vérité !
Quant aux jours du temple et des interposés qui s'y pressent et nous pressent, ils sont comptés ! ...
La rencontre de chacun(e) avec l'Esprit se fera désormais sans aucun intermédiaire, physique ou moral, dans la solitude d'une intériorité objectivée, conscientisée ... lors de cet improbable et précieux face à face, issu du silence savamment imposé au vacarme des désirs, de la volonté, des pensées et des émotions ...
Proclus ou la rédemption du monde sensible !
De Platon, l'Eglise romaine, ivre de pouvoir, manipulatrice, n'avait voulu retenir que la détestation du monde sensible, de la chair, du désir !
Comme nous l'avons déjà évoqué, ce n'est donc plus dans cette institution félonne, anachronique, qu'il nous faut chercher la manifestation de l'impulsion christique, mais, paradoxalement et pour exemple, chez ce néoplatonicien dont elle aurait bien fait de s'inspirer ...
Proclus en effet renverse le discours platonicien quant à la déchéance de la matière, de la chair, leur rend intérêt et dignité !
Selon sa vision libératrice, ce monde sensible est le lieu où l'âme, grosse de tous les potentiels, vient actualiser sa note particulière, comme la cellule se spécialise en bloquant la majeure partie de ses possibilités, comme la particule devient "discrète" sous le regard de l'observateur ! ...
Carl Gustav Jung ou le retour du divin en l'Etre humain !
Depuis qu'il fut décidé par le concile oublié de 869 que l'Homme est désormais amputé, manu militari, de cette troisième dimension essentielle qu'est l'Esprit ... précédé, affublé désormais d'une minuscule réductrice, annonciatrice, ce mot devenu polysémique désigne tour à tour l'intelligence, l'humour, et, pour un temps qui lui est désormais compté : l'âme ! ...
Par quelle indigence, au nom de quelle soumission occulte, des "esprits" aussi brillants que Descartes et Spinoza acceptèrent-ils de débattre de questions existentielles telles que la Liberté, dans ce champ réduit 4 où l'âme serait exclusivement assignée à ferrailler avec le corps ?
Pourquoi avoir accepté de se limiter à ce dualisme réducteur où l'Homme est amputé de l'Esprit, transféré illico presto entre les mains grossières d'intermédiaires auto-désignés et avides de pouvoir ?
Il est vrai que l'impulsion christique semble, de temps à autre, avoir tout son temps qui nous attend, et c'est, sans que cela ne soit jamais souligné, avec le psychiatre suisse que revint en force cette idée féconde d'un Homme tridimensionnel ...
Le corps, le moi et le soi !
Les mots ont changé mais, tout bien considéré, le périple de l'âme, ou psyché, ne s'explique que par et dans ce monde intermédiaire qui sépare l'Esprit de la matière !
L'oeuvre est immense, féconde, mais ce que nous retiendrons plus particulièrement et que nous attribuons à l'impulsion christique, c'est cette lumière nouvelle projetée sur le soi, cette dimension universelle de chaque individu, sur cette rencontre fondatrice entre le multiple et l'Un, sans autre intermédiaire que sa propre volonté, son courage d'affronter sa part d'ombre, sa détermination à faire enfin mentir le terrible constat de Jean : "La lumière est venue dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont pas reçue ! " ...
1 - Sans que, toutefois, l'évident rapprochement n'ait jamais été opéré, sauf erreur de ma part ! ...
2 - De "sang impur" selon les critères de l'époque, avant même, bien avant, il faut le souligner, la prédication de Paul aux "païens", selon la définition réductionniste des colons "chrétiens "! ...
3 - Ce n'est pas un simple détail, on retrouve notamment ce puissant symbole de la "chute" de l'âme dans la matière, dans le Mahabharata ! ...
4 - Pensée et étendue pour l'un, deux modalités de la même substance pour l'autre, qui prépare ainsi le lit des neurosciences matérialistes !