"C'est une vue de l'esprit !"... "Tuer le temps!" : ces expressions qui en disent long sur notre courte vue !

C'est une vue de l'esprit !

Comment faire plus court ? Tout est dit de cet "esprit" qui n'a plus rien à nous dire !

A-t-il d'ailleurs jamais été crédible ? Et, en cette hypothèse, pour quelle raison n'a-t-il plus voix au chapitre ? 

Lors d'une conversation, celui qui emploie cette expression exécutive, cette fin de non recevoir, pourrait-on dire, semble manifestement pressé d'en finir !

Selon sa décision, le propos qu'il évacue ainsi, aussi promptement que l'on tire une chasse d'eau, ne mérite même pas d'être débattu !

En effet, vous dira-t-il, si vous insistez bêtement : "n'a-t-on vraiment rien d'autre à faire que de contester ce que nous dicte le bon sens ?"

Bref, ainsi privé de sa créativité, de sa transcendance, de son ancienne dignité, l'Esprit ne surplombe plus rien, ni le monde ni les hommes !

Alors, bons princes, pour le consoler, lui avons-nous trouvé un emploi de "bonne à tout faire" au service du langage, tel qu'il va ... 

"Polysémique" dit-on dans les dîners en ville ! ...

Mais, ainsi réduit à un second rôle, et ne manquant ni d'esprit ni de suite dans les idées, il semble bien qu'il se soit réfugié, ultime recours, dans nos lois juridiques qui peinent parfois à faire la loi !

Requis en cas de doute, quand le chaos menace d'emporter le microcosme, personne ne songe à lui dès lors qu'il s'agit des lois cosmiques, bien évidemment ! ... il serait capable, le bougre, de se prendre à nouveau au sérieux ! ...

869 : la trahison de l'Eglise !

Contrairement à ce que chacun pourrait penser, ce n'est pas l'esprit scientifique qui a tué l'Esprit, mais l'Eglise, foulant ainsi aux pieds l'un des principaux enseignements de Celui qui lui servit, et lui sert toujours d'alibi, en vue de mener à bien ses petites affaires temporelles !

Jusqu'à cette date fatidique, dans les représentations humaines, le trois interprétait tout à la fois le mystère du monde, et la correspondance alors évidente entre microcosme et macrocosme : monde sensible, intermonde, monde spirituel, et, comme en écho : corps, âme, esprit !

Prophète du passé, du présent et de l'avenir, le Galiléen avait confié l'une des clés de sa venue en ce bas monde à la Samaritaine, à ce "sang mêlé" qui préfigurait l'humanité actuelle !

Patate chaude, ou oubli coupable de la censure ? ...

A tout le moins, passage plus gênant que d'autres qui ne manquent pas dans ces évangiles décidément encombrants !

Inopportunément colporté, recopié, car ne souffrant d'aucune interprétation arrangeante, ne nécessitant aucun éclairage ésotérique, en tant qu'il déclare par avance illégitime tout intermédiaire entre l'Homme tel que devenu, et "l'Esprit sans vieillesse" !

Pour ne pas dire ce "Père" qui gêne tant nos intellectuels privés de la sagesse de Maïmonide ! ...

Où est-elle l'Eglise de Rome, comment se justifie-t-elle, au regard de ces paroles du plus grand anthropologue, jamais entendues à la surface endurcie de Gaïa : "Désormais ce n'est plus sur cette montagne sacrée, ni dans le temple, que vous contacterez le Père, mais en esprit et en vérité ... !"  1

Prévoyant vraisemblablement des lendemains difficiles, notamment lorsque la population des "lisant/écrivant" excéderait celle des éclésiastiques embrigadés, les théologiens bricoleurs décidèrent d'amputer le "vulgaire" comme ils disaient entre eux, de sa troisième et secrète dimension : l'esprit !

"Pour y avoir accès, il faudra désormais passer par nous !"

Voilà, accourus en masse au son de la cloche, notre nouveau credo, et, "cochon qui s'en dédit !" ...

Tuer le temps !

Si l'on sait que les mots savent beaucoup plus de choses que ce qu'ils veulent bien dire, il nous reste à les interroger, sans a priori, en commençant donc par oublier ce qu'ils nous disaient il y a un instant encore ...

Ainsi de cette expression somme toute bizarre, rencontre improbable entre un arrêt brutal de la vie et cette  évanescence qui ne nous laisse d'elle aucune définition satisfaisante !

Eh bien, quitte à "tuer le temps", attardons-nous à cet impensé, à cet oxymore que nous ne songerions même pas interpréter au sens littéral !

Le temps existe-t-il ailleurs que dans nos représentations ? ...

Ce temps qui s'enfuit, linéaire, vectoriel, avait pris tout son temps avant de s'imposer à notre conscience jusqu'alors béate devant les cycles renouvelés du "temps sans vieillesse", qui avait la politesse de remplacer tout ce qu'il détruisait !

En Grèce, où sa représentation est bien documentée, ce temps s'attarde chez Homère, ce grand prophète du passé récent.  

Des tueurs qui s'ignorent !

Pour en revenir à ce meurtre symbolique, comment saurions-nous envisager l'interprétation littérale de ces trois mots curieusement assemblés ?

Sauf à reconnaître une certaine vie au temps ! ...

Et ce n'est pas dans l'esprit du temps, aurait ajouté le grand Raymond ...

Alors, si l'on sait que, tant qu'il en est encore temps, nous tuons l'air, mais aussi la lumière 2,  peut-être pourrions-nous en rabattre quelque peu, et reconsidérer ce mystère qui nous entoure et suppose notre vie ! ...

Et partant, le mystère du langage ! ...

Un périple meutrier !

Pour ce qui concerne l'air et la lumière, nous devrions le savoir, mais pour l'esprit à l'oeuvre dans la nature, que nenni !

Ou alors il faudrait savoir relire les mythes, mais avant tout en avoir la volonté ! ... 3

Bref, l'esprit à l'oeuvre partout dans la nature, nous ne le voyons plus, tout juste peut-il nous soutirer un sourire narquois à l'évocation de ces nostalgiques du "temps du rêve", en d'autres termes, de la clairvoyance, que sont ces panthéistes attardés et autres animistes demeurés ... en ce temps inutile qui précède la Raison !

Nos philosophes ont bien conscience que "quelque chose" se dérobe à notre regard, nommant cet intrigant, ce mystérieux, cet insolent :  "La chose en soi" (Kant),  puis, tournant frénétiquement autour de la sempiternelle question : "Comment ce qui est en soi, peut-être pour moi ? " (Hegel).

C'est dans cette distance nouvelle entre "la chose en soi", pour ne pas dire "l'Esprit" 4, que se joue, depuis près de trois millénaires, notre liberté !



1 - Non pas que ces étapes soient injustifiées au regard de l'évolution : "sur la montagne sacrée" ou lorsque l'Homme voyait encore l'Esprit à l'oeuvre dans la nature, "dans le temple", quand nous avions encore besoin de guides spirituels, mais "en esprit", sans plus aucun de ces intermédiaires ...   

2 -  A temps plein pour ce qui concerne l'air, de manière plus retenue pour la lumière ! ... En d'autres termes : à l'expir nous rejetons un air vicié, pour nous létal (Un instituteur); quand "l'acte de voir" signe la mort des photons ! ... (Serge Haroche).

3 - Nous ne savons pas lire les équations, pour autant nous croyons les scientifiques sur parole; c'est qu'à leur différence nous ne prenons pas le temps de comprendre, de chercher, de chercher à comprendre ! ...

4 - Plus que jamais on se paye de mots, on n'ose plus dire l'Esprit, alors on le chosifie; quand, un peu plus tard, ne sachant plus rien de l'essentiel de l'univers, pour se rassurer, vraisemblablement, on parle de "matière noire" ! Voir à ce sujet l'article paru sur le blog en septembre 2020, massivement lu, intitulé : "La matière noire signifie-t-elle la fin du matérialisme ?" .


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