La science, cette fille ainée de l'Eglise !
Le mimétisme affecterait-il également les ennemis déclarés ?
Toujours est-il que celle qui mène la danse de nos représentations depuis plus de trois siècles, s'est empressée de reprendre les mauvaises habitudes de cette ainée détestée qui tout à la fois l'éleva sous serre et la réprima durement lorsque le dogme était menacé !
Le dogme, voilà la plaie !
Le dogme et sa cohorte d'anathèmes et d'exclusions, de mise au ban, de discrédit, de mort sociale ...
Sans compter ce qui se voit moins mais fait le plus grand mal au plus grand nombre : la déresponsabilisation !
Mais bien entendu, aucun chercheur n'eut jamais à se plaindre de cet ostracisme obscurantiste ou de cette obligation implicite de suivisme ! ...
Le matérialisme, ce faux prétexte de discorde !
Oui, faux prétexte, courte vue, car l'Eglise elle-même fut tôt affectée par le matérialisme ...
Nous allons donc tenter de suivre la progression victorieuse de l'insidieux, depuis qu'il se manifesta à bas bruit dès le IVème siècle après J.C.
Commençons, si le voulez bien, par le résultat, par son apothéose, par ce XIXème siècle au cours duquel culmina "l'infection" matérialiste !
Parmi les symptômes les plus évidents de la maladie, citons ce décret tonitruant d'un nouveau prophète, instituant "La mort de Dieu", appelée à un beau succès, auquel répond l'appropriation papale de la Vérité, jusqu'alors domaine réservé d'une entité appelée Christ, affirmée sans ambages et à qui voulait l'entendre par l'intermédiaire du Galiléen ... 1
De Charybde en Scylla !
Après que nous ayons fait une croix sur la divinité de Jésus, encouragés en cela par les théologiens eux-mêmes 2, après avoir douté dans la foulée que ce dernier ait même jamais vécu, nous, fidèles du dernier carré, sommes désormais réduits à convoquer la justice en vue de confirmer la légitimité de nos crèches municipales !
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Comment, et par quelle nécessité, sommes-nous contraints à nous battre "dos au mur" ?
Pour seule défense, nombreux sont ceux qui, machinalement, invoquent la "tradition", comme s'il s'agissait d'un mantra !
J'entends quant à moi "habitude" ... c'est un peu court, n'est-il pas ?
Et qui plus est, c'est faux, car précisément, lors de cet instant volé à l'intelligence des sots, le temps furtif d'une contemplation, d'un recueillement pudique, le sentiment longtemps humilié, tenu en laisse, reprend le dessus sur la pensée rationnelle qui, sardonique et sûre d'elle même, nous attend à la sortie !...
D'autres, se voulant vraisemblablement plus doctes, parlent de nos "racines" !
Certes, mais alors, ne convient-il pas de préciser de quelles racines il peut bien s'agir !? ...
Plongent-elles profondément dans le souterrain, ou se contentent-elles de prospérer non loin de la surface ?
Se greffent-elles sur d'autres racines ?
Ou bien encore "tombent-elles" du ciel, comme c'est le cas du figuier des pagodes, cet arbre de l'éveil de nos amis hindous ?
De quelle nativité parlons-nous ?
L'émotion ressentie devant la crèche ou, a minima, le respect dû à cette ancestrale dévotion, ne doivent pas nous faire oublier que les premiers chrétiens, pendant plus de trois siècles, fêtaient une toute autre naissance !
Cette autre naissance, inaccessible à nos sens, étrangère à toute raison, plus fondamentale pour autant , était celle du Christ lors du baptème dans le Jourdain ...
Cet assombrissement d'une ancienne conscience, ce transfert des représentations, du monde suprasensible vers le monde sensible, n'est pas sans signifier la profonde métamorphose du psychisme de nos prédécesseurs, tandis que s'amorce une lente dérive vers la réduction "matérialiste" du mystère du Golgotha ! 3
1 - Il s'agit bien évidemment de la punchline incendiaire de Nietzsche et de cet épisode surréaliste qui sut se faire oublier, à l'occasion duquel fut décrété "l'infaillibilité pontificale" ...
2 - La figure de proue de ce mouvement d'abandon de la divinité de Jésus étant le théologien alors largement médiatisé Adolf von Harnack, juge de paix urbi et orbi au tournant des XIXème et XXème siècle.
3 - Pour ceux qui veulent approfondir, sans jugement aucun, libre de tout a priori, cette lente "dérive", symptôme de nos évolutions, qui conduisit de nombreux théologiens du XIXème siècle à ne plus rien comprendre aux évangiles, et moins encore à la "relation" du Verbe avec son réceptacle de chair, avec celui qui deviendra "l'homme simple de Nazareth", et pour finir à la Résurrection, cet essentiel du christianisme, je recommande, sur Soi Esprit Info/You Tube, les trois conférences données par Rudolph Steiner fin décembre 1921, autour du thème de la fête de Noël .